Un de nos week-end s’est libéré ce mois-ci. Ma femme Isabelle souhaitait faire une virée moto à quelques heures de Paris. Doigt sur la carte, les options Morvan, Loire, Normandie sont évoquées mais ça sera finalement le Vexin à deux pas de chez nous avec une nuit à Meru, capitale historique de la nacre et une boucle retour depuis Vernon, Giverny et la Roche Guyon.
Scala Rider sur le casque et un petit ajustement des écouteurs, nous voilà prêts pour bavarder entre motos. Pas besoin de sacoche ni de bagage, un sac à dos suffira. Un “Road Book” trouvé sur la toile est enregistré dans Google Maps avec toutes les étapes intermédiaires. Ce système nous oblige à s'arrêter à chaque étape pour démarrer la suivante. Il nous faudra en trouver un autre plus simple et plus pratique.
Mon tempérament de râleur lorsqu’il s’agit d’attendre ma femme qui respecte scrupuleusement les limitations de vitesse sur les voies rapides, s’arrête net dès que nous commençons à emprunter les départementales du Vexin. Dans la fraîcheur des sous-bois, les arbres, pochoirs de soleil tapissent le bitume de reflets chatoyants avant l'ouverture des gaz sur les lacets bordés de talus fleuris, les poumons gonflés de liberté. Mon pneu arrière de 200 délaissé pour un 180 sur ma MV Agusta Brutale Dragster m’autorise des enchaînements de virages qu’il m’était difficile de passer sur l’angle avant cette modification. Nous croisons très régulièrement des motards avec qui nous échangeons des saluts sympathiques de la main gauche. Isabelle adore ça, d'autant qu'une fille à moto apporte de l'originalité suscite de la curiosité et inspire le respect.
Les parfums croisés ici et là me font penser que toutes ces sensations ne se photographient pas, elles s’expérimentent exclusivement et c’est encore plus appréciable quand on les partage.
Arrivés en fin d’après-midi à la Tabletterie de Méru, ancien bâtiment servant à travailler la nacre et transformé en hôtel "indus" à côté de son musée, nous nous délectons d’une bonne douche avant de descendre dîner en terrasse.
Armé de mon trépied et de mon appareil, nous entamons ma routine photographique en errant au hasard dans la ville. Il n’y a rien à voir à Meru à part son église et ses vitraux. Nous croisons une voiture de Police qui ralentit à la vue de mon trépied posé sur le trottoir pendant que je photographie une maison en brique. C’est samedi soir, des groupes de jeunes écoutent du rap dans des recoins obscurs et des crissements de pneus glorifient la virilité de leur conducteur en mal d’égo. Des caméras de surveillance sont visibles sur de nombreux poteaux d'éclairages publics. Il est clair que Meru ne nous a pas séduit en dehors de l’hôtel sachant que ous n’aurons pas le temps de visiter le musée historique qui ouvre ses portes uniquement de 14H30 à 18H30.
Je ne ferai plus d'autres photos pendant notre virée dominicale mais je regrette de ne pas avoir pris le temps de photographier Isabelle et sa Triumph Bonneville SE sur une petite route de campagne. Des étendards immaculés de sang s’élèvent ici et là aux fenêtres et sur les portails. De mon vivant, je n'ai jamais connu un tel engouement. Notre drapeau n’est plus l’apanage des nationalistes d'extrême droite mais le symbole d’une nation fière de sa mixité et de sa jeunesse.
Enfin, c’est ce que je veux bien croire et ça me fait du bien de l’imaginer.