Un vendredi soir, nous décidons ma femme Isabelle et moi de dîner au restaurant Turque “La Cappadoce” en bas de chez nous, rue Voltaire pour un kebab maison. Et pourquoi ne pas aller en Cappadoce une semaine en avril?
Le régime d’Erdogan, ses massacres de la population Kurde et la proximité avec la Syrie nous engagent à boycotter cette destination.
Il existe un endroit exceptionnel en Grèce sur l’île de Zakynthos où une épave de bateau gît sur la plage. Problème, les clubs de plongée sont fermés en avril.
On envisage les Fjords de Norvège, les Îles Féroé et l’île d’Helgoland en Allemagne. Et puis il y a l’Islande. Coup de coeur d’il y a trois ans.
Le voyage qui m’a enfin décidé à investir dans du matériel photo digne de ce nom plutôt qu’un bridge Sony RX10 et un compact expert Sony RX100M2. De plus, toutes mes photos prises en Islande étaient en jpeg, plates et inexploitables pour d’éventuels tirages grand format. Nous nous étions promis de retourner là bas avec un regard aguerri. Mon matériel nouvellement renouvelé avec un Sony A7RII d’occasion et ses 42 millions de pixels, une inspiration photographique à la “Blue Hour”, la présence d’orques pour Isabelle sont autant de facteurs pour nous décider à y retourner.
Jour 1.
Un mois plus tard, nous voilà donc partis vers ce pays de glace, de cendre et de lave. Une Golf TDI équipée de pneus cloutés “Fit Ice” louée chez Blue Car Rental à l’aéroport de Reykjavik et Maps réglé sur la ville de Vík. La fin du Roaming nous change la vie et nos Playlist Deezer envoient du son en Bluetooth dans l’habitacle. L’aiguille du compteur de vitesse est calée à midi, en Islande la limitation maximale est fixée à 90km/h sur route goudronnée.
Il pleut, comme notre premier jour d’arrivée il y a trois ans. Cette fois, nous sommes moins pessimistes et nous croisons les doigts pour une accalmie ce soir car nous avons prévu de photographier le coucher du soleil derrière la cascade de Seljalandsfoss.
Nous osons à peine nous l’avouer mais les paysages le long de la N1 dans le sud ne nous impressionnent plus autant que lors de notre précédent voyage.
Le soleil est finalement au rendez-vous pour la photo. La célèbre cascade offre un accès derrière elle mais les embruns ont vite fait de vous tremper les os alors imaginez l’appareil photo sur pied. De fines gouttelettes recouvrent la carrosserie de mon Sony tropicalisé et son objectif Samyang en quelques secondes. Il faut aller vite, chercher son cadrage, attendre la bonne position du soleil et essuyer en permanence le filtre de l’objectif. C’est du sport mais j’espère avoir au moins une bonne image. Je verrai cela au développement sous Camera Raw une fois rentré à Paris.
Jour 2.
L’optimisme paie et nous mettons le réveil à 4h15 (6h15 heure Française) pour profiter du lever de soleil sur la plage de Reniksfiera et ses magnifiques colonnes de Basaltes.
Trépied et filtre densité neutre installés, je me fais piéger par les vagues qui engloutissent mes pieds. Mes chaussures de montagne Quechua Bionnassay et mon pantalon imperméables sauvent mes chaussettes de l’inondation. La vision de l’écume laiteuse sur le sable noir est hypnotisante. Je comprends à force de tourner en rond et faire les mêmes photos qu’il est temps de tenter autre chose.
Les macareux ne sont malheureusement pas dans leur nid probablement encore affairés en pleine mer mais la journée s’annonce très belle.
Il est 6h30 et la lumière du jour crève les nuages. Mon temps de pose passe de 3 à une demi seconde pour réussir l’effet de fumée provoqué par l’écume des vagues en pose longue. Il nous reste encore un peu de temps avant l’ouverture du petit déjeuner à 8h00 dans notre agréable maison d’hôte le “Farmhouse Lodge”.
La mission du soir consiste à réussir et à se satisfaire d’au moins une bonne photo à Jokulsarlon, célèbre lagune glaciaire où des blocs de glace sont charriés vers la mer lors de la marée descendante. Les glaçons ainsi produits s'échouent ensuite tel des diamants polis sur une plage de sable noir.
Il suffit de taper “Jokulsarlon” sur Google Image pour saisir la beauté de ce lieu. Ce soir, le ciel vierge de nuage ne nous aidera pas à rivaliser avec les célèbres photos vues sur internet. Le rituel de ma prise peut commencer. 50 ISO, f/8 et filtre ND4 pour augmenter le temps de pose: 0,4 secondes, la vitesse d’obturation est encore trop rapide. Je suis obligé de diaphragmer à f/11 voire f/16, valeurs que je n’affectionne pas particulièrement, uniquement dans les cas extrêmes pour éviter la diffraction optique.
Les 1ers clichés sont au niveau d’une carte postale mais sans plus. Ma déception me pousse à prendre plus de risque et les vagues m’encerclent jusqu’aux chevilles. J’abandonne alors mon trépied pour ne pas risquer de laisser l’eau pénétrer dans mes chaussures étanches. Le rouleau redescend avec le ressac suivi d’un autre charriant au passage d’imposants glaçons. Je m’esquive pour échapper aux vagues en laissant mon trépied à sa place. Dans une stupeur statique, j’assiste tétanisé à la chute de mon pied Manfrotto, le 20mm Samyang, son porte filtre, la cellule radio Cactus et le Sony Alpha 7RII, tête la première dans l’eau salé. Le scénario catastrophe après seulement 2 jours à peine sur le sol Islandais. Je hurle sur cette plage quasi déserte, je me maudis comme si je venais de me péter les ligaments croisés après deux jours de ski. J’implore toutes les forces divines en m’excusant de n’être un pauvre athée pathétique. Mon petit mouchoir d’objectif seul ne suffit pas à débarrasser l’eau de mer de mon appareil qui ruisselle sur le boîtier et l’optique. J’ai envie de pleurer mais la colère m’a rendu muet. Au bout de quelques minutes, trop impatient, je tente de rallumer l’appareil mais il ne reconnaît plus la présence de la carte mémoire. L’eau a dû s’infiltrer et créer des ponts électriques. Coup dur. Mon investissement récent vient de partir en fumée à cause d’un excès de confiance. Je n’en reviens pas. Je me sens maudit, abattu et idiot aussi.
Il y a bien mon vieil Alpha 7 en deuxième boîtier de secours pour continuer notre périple mais il n’a pas la haute définition du 7RII qui a influencé ce voyage. Je suis abasourdi mais c’est une bonne leçon que je dois méditer avec philosophie. Je suis dégouté et dois me résigner en me consolant d’avoir un appareil de rechange qui n’est pas si mal au fond même s’il a pris un petit coup de vieux.
Jour 3.
Réveil 4h45 pour refaire les photos de la veille sur les lieux du crime mais au lever du soleil cette fois-ci. La motivation est partie mais dans un dernier élan d’optimisme je tente de réanimer mon appareil qui a séché pendant la nuit. Miracle, il fonctionne! Méfiance il s’agit peut-être de son dernier sursaut avant la mort. Je n’ose pas m’emballer.
On arrive sur la célèbre plage mais nous ne sommes pas seuls. Une douzaine de photographes dont certains sont des retraités anglais équipés de matériel haut de gamme accompagnés d’un guide rôdent comme des chacals autour des diamants translucides échoués sur un linceul noir.
L’Homme communie avec la beauté de la nature. En fait, non, il est vaniteux de vouloir la posséder dans sa boîte à images. Je ne suis pas à l’aise. Je m’identifie à eux et les rejette en même temps. Il se dégage un esprit de jalousie et de compétition mais c’est peut-être moi qui ressens ça. Je choisis un bloc de glace poli par les vagues en attendant que le soleil vienne le transpercer à contre jour. Au bout de 5 minutes, j’étais entouré de 3 vautours. Insupportable.
Je repars sans être convaincu par mes images mais avec le bonheur discret d’avoir mon joujou qui fonctionne à nouveau d’autant que ce soir nous avons rendez-vous avec l’épave du Douglas DC-3, avion militaire américain abandonné en 1973 suite à un atterrissage forcé sur une immense plaine de cendres volcaniques.
25 voitures végètent déjà à 20H10 sur le parking qui n’existait pas il y a trois ans. Le chanteur pour midinette Justin Bieber a fait de ce lieu insolite et difficile à trouver, un site touristique pour des milliers de fans écervelés. Les brèves images de lui dans son clip en train de faire du Skate sur la carlingue de l’avion a ouvert la voie à une flopée de crétins qui se permettent d’investir l’épave comme s’ils étaient chez eux en squattant ses ailes ou son sommet pendant que les visiteurs tentent de leur demander poliment de descendre afin de faire une photographie sans personne dessus.
Nous appréhendons la confrontation avec ce type d'énergumènes lorsque nous réaliserons nos photographies dans 45 minutes, le temps nécessaire pour atteindre le lieu à pied. Finalement, nous n’aurons à faire qu’à un dernier couple francophone assis sur le toit de l’avion en train de se filmer de dos avec un drone. Au bout d’une dizaine de minutes, nous voilà finalement seuls, normal étant donné l’heure tardive et la nuit tombante sachant qu’il faut ¾ d’heure pour rentrer à pied au parking.
Isabelle prend le côté gauche de l’avion et moi le droit. Nous commençons nos photos. Graffitis en Light Painting côté gauche et flashs multiples de mon côté. L'écran de mon Sony rescapé se met à scintiller puis plus rien. Ma joie de la veille se met en berne. Plus rien ne fonctionne. Ça sent la fin. Dépité alors que je m’y étais préparé sans vraiment trop y croire, je prends mon appareil de secours et tente de me concentrer sur ma prise de vue. Trente secondes de temps de pose, 200
ISO f/8, l’appareil posé sur son trépied Manfrotto, je cours à l’intérieur de la carlingue donner deux, trois coups de flash Cobra à pleine puissance, je ressors vers le nez cassé de l’aéronef, deux coup de flash et un dernier sur l’aile. J’essaie de ne pas penser à ce que j’ai raté qualitativement avec mon défunt Alpha 7RII. Je me rassure encore une fois en me disant que j’ai la chance d’avoir un autre boîtier.
Pour couronner le tout, la rotule de mon nouveau pied Manfrotto “BeFree Advance” est grippée, obligé de forcer comme un malade sur le boîtier en risquant d’arracher le grip. La semaine dernière déjà mon appareil était resté bloqué sur la platine. Impossible de l’enlever du pied, il m’a fallu dévisser le système avec une clef 6 pans. Je fomente mes futurs commentaires négatifs sur les réseaux sociaux.
Après une grosse heure de photos il faut penser à rentrer. Lampe frontale sur la Chapka 66° North (belle marque Islandaise au passage), nous accélérons le pas. Le chemin plongé dans l’obscurité est interminable. Les 18 kg de matériel sur le dos se fait sentir. Épuisés nous arrivons enfin au parking, il est minuit 10. Interloqués nous dissuadons un touriste Espagnol arrivé seul quelques minutes plus tôt d'aller voir l’avion au risque de ne jamais le trouver.
Jour 4.
Lever 4h45 direction la plage de Dyrholaey pour photographier l’énorme pic rocheux posé au milieu du sable noir. La lumière est plate, les nids de Macareux sont toujours vides, aucun intérêt. On se réconforte devant un excellent petit déjeuner à la ferme d’hôte.
Une petite sieste nous fera du bien pour continuer la route. Nous reprenons la route vers Thingvellir. Un stop à l’imposante cascade de Gulfoss permet à Isabelle de tester avec engouement l’autofocus de son Nikon D7500 gagné lors d’un concours Photo Nikon Club. J’entends les rafales qui capturent pour la postérité les Fulmars qui tournent dans la brume d’eau: “Une tuerie ce boîtier, j’ai des pures photos!”
Étape à notre hôtel où nous profitons du “Hot Tub” en extérieur et d’une bonne bière pression.
Une fine pluie nous retient en otage. Malgré cela nous décidons de sortir dans le parc naturel de Thingvellir afin de repérer les cadrages pour demain matin. La pluie cesse une fois arrivés sur place mais le ciel est blafard et sans relief. Pas de bonnes images mais nous ferons quand même l’impasse sur le réveil demain aux aurores, la première grasse matinée du séjour.
Je profite de la nuit tombée sur le retour pour m’arrêter faire quelques photos de petites maisons et leurs éclairages artificiels.
Jour 5
J’envoie un email à Sony afin de connaître un réparateur agréé sur Paris. Nous prenons la direction vers l’Ouest visiter la péninsule de Snæfellsnes. Deux routes s’offrent à nous. Le choix est pris pour la 48 et 47, plus longue car moins empruntée. Des vestiges d’une ancienne base militaire nous occupe 40 bonnes minutes. J’estime avoir une bonne photo pour aujourd’hui. La route est magnifique.
Mon dilemme est d’être confronté à la facilité de faire des photos carte postale. Pourquoi essayer de faire ce que d’autres font bien mieux que toi? Oui, mais il est frustrant de ne pas céder à un reflet miroir d’une montagne sur un plan d’eau. Et la tâche se complique quand les étapes d’un périple sont rythmées par des sites touristiques.
L’Islande se couvre souvent d’une chape de ciel gris, alors quand le soleil perce les nuages je profite du plaisir masochiste de me faire agréablement aveugler sans prendre la peine de rabattre le pare-soleil de la voiture.
Nous arrivons à Arnarstapi, une bourgade qui offre un décor naturel incroyable. Véritable site pour promouvoir le tourisme Islandais. Encore une fois, la qualité blafarde de la lumière rend les photos insipides. La nuit me permettra quand même de faire quelques images autour du port et de la célèbre chapelle noire Budir située à 20 minutes de route.
Nous tentons un lever à 4h30 puis 5h30 mais pas de beau lever de soleil sur la mer. Cool on dormira plus longtemps.
Jour 6.
C’est la journée d’Isabelle. Une sortie en mer est planifiée à Olafsvik pour tenter d’apercevoir des orques, des baleines à bosse voire des baleines bleues et des dauphins à bec blanc. On croise les doigts, le monde animal ne se commande pas et se mérite.
Le ciel est encore une fois tristement blanc et nous saupoudre de bruine.
Manfrotto m’a répondu pour me donner le numéro de leur SAV et Sony aussi pour la procédure à suivre. La question est de savoir quel prix suis-je capable de mettre dans la réparation pour un boîtier que j’adore.
Je disais que le monde animal se méritait?
Imaginez-vous sur un bateau de pêcheur sous une pluie verglaçante à 0° qui vous gifle le visage, des creux de 5 mètres qui vous remontent l’estomac dans les yeux, des gerbes d’eau qui vous douchent le flanc et l’appareil photo. Et là, un groupe d’orques qui attend que vous le preniez sous son meilleur angle.
Ce genre d’expérience en général vous apprend deux choses: votre appareil n’est pas fait pour assurer de bonnes photos dans ce type de conditions et vous pensez déjà à casser la tirelire pour investir dans du lourd ou si vous avez réussi de belles images alors vous êtes un killer.
Dans mon cas, je fais partie des malchanceux avec en supplément des vomissements par dessus la rambarde. Inutile de vous préciser dans quelle famille se trouve ma femme Isabelle, chacun son truc. Il n’y a qu’à voir son excitation à la vue des orques, même une fillette ne crierait pas autant devant la véritable Reine des Neiges.
Ce soir nous dormons à Grundarfjordur. Mais si vous connaissez! La montagne la plus photographiée d’Islande avec une cascade au premier plan.
Bon, aujourd’hui elle était invisible derrière les nuages. Selon la météo nous pourrons la photographier avec l’inévitable et célèbre cadrage en mode carte postale demain soir et après demain matin mais à mon avis on fera pas mieux.
Kirkjufell, telle est son nom.
La neige lui a dessiné un oeil sur son relief et lui donne un curieux air de poulpe.
Jour 7.
Lever tardif à 8h00. Nous prenons notre temps, il paraît que nous sommes en vacances.
Isabelle a réservé une nouvelle excursion en bateau pour revoir les orques à midi et demi sachant que le vent et la météo seront plus cléments. Cela nous laisse le temps de nous arrêter à Kirkjufell pour un premier repérage.
Il a neigé pendant la nuit. Tout est blanc.
Les pneus cloutés nous serons bien utiles. Le sommet de la célèbre montagne qui signifie “montagne-église” (?) a disparu dans les nuages. Je retrouve très facilement le cadrage que l’on retrouve sur les posters, internet et cartes postales. Ce n’est pas très glorieux mais ma curiosité a pris le dessus. Obligé de diaphragmer à f/22, ISO 50 plus le filtre ND4 ma vitesse atteint à peine la seconde pour obtenir les cascades floutées. Il me faudra probablement jouer de la netteté dans Camera Raw mais l’idée est de la photographier à différents moments de la journée.
Cette fois-ci la virée en bateau aura duré 4 heures. Une mer plus calme, pas de vent mais des orques mâles lointains et solitaires. Personne n’a dû faire de belles photos. On s’arrête de nouveau à notre point de vue touristique pour voir et capter une nouvelle ambiance.
La montagne baigne dans la lumière tandis que les cascades s’endorment dans l’ombre. Il ne nous restera plus que des photos nocturnes après un passage dans l’un des restaurants les plus réputés d’Islande “Bjargarsteinn Mathús”. Isabelle m’interdit de choisir du Cormoran à la carte (je n'en aurais pas pris de toute façon).
Le coucher du soleil a lieu ce soir à 21h50 mais c’est sans compter les dénivelés qui cache les rayons une bonne demi heure avant. J’ai beau accélérer le pas mais je rate sa dernière apparition qui glisse lentement derrière les montagnes au loin pour nous laisser dans la pénombre. Les photographes déjà présents sur le site doivent avoir un petit rictus au coin des lèvres en me voyant déçu.
Une image vue sur Instagram me trotte dans la tête depuis notre arrivée. Il s’agit d’un filet rouge de feux de voiture en pose longue serpentant une route au beau milieu d’un paysage montagneux. Je cherche une route similaire depuis 6 jours déjà pour réaliser cette photo. Il y en a bien une à 2 km d’ici mais le dénivelé n’est pas assez important. Je le tente quand même avec l’aide de ma femme en figurante qui conduira la Golf TDI car il y a trop peu de trafic à cette heure tardive.
Jour 8.
4 heures de sommeil seulement et le réveil du smartphone me réveille en me demandant où je suis, que se passe t’-il, comment je m’appelle, d’où viens-je? bref, je suis dans le coma.
Voyons voir ce que que donne Kirkjufell cette fois-ci au lever du soleil.
2 photographes ont déjà planté leur trépied. Le soleil est levé mais se cache encore derrière les montagnes. Chacun a préempté sa place et la défend. Je me place au premier niveau car oui il y en a deux avec des cascades différentes.
C’est beau mais pas exceptionnel. Le thème autour de la variation photographique “montagne de Kirkjufell” à Grundarfjordur se termine. C’est l’une des plus belles journées ensoleillées que nous ayons eu durant notre voyage. On a l’impression d’être au ski avec ce soleil et ces montagnes enneigées.
MAPS activé sur le smartphone direction Reykjavik pour notre dernière journée sur le sol volcanique Islandais. Route 54 puis 56. Isabelle est en mode disque rayé: “mon dieu que c’est beau, putain c’est trop beau, c’est trop trop beau” il faudrait s’arrêter tous les 500 mètres.
Les plaines de laves volcaniques sous la neige sont féeriques. Je repense un peu honteux à notre déception à demi avouée le premier jour sur la beauté des paysages de la N1.
L’Islande est véritablement un pays à part. Moitié enfer moitié émerveillement en fonction des éléments. Une île qui ne cesse de croître à chaque éruption de l’un des 130 volcans actifs qui autorise la vie terrestre à se développer sur un matelas de cendre déposé sur l’océan, la lave ou un sommier de glace. Un pays qui compte 2.5 habitants au km2 (la France en compte 100,8) peuplé de petits chevaux tout mignons comme seules âmes qui vivent le long des routes.
Ma femme me demande si on peut faire un détour à Ytri Tunga (non, ce n’est pas en Afrique) pour photographier les phoques. A gauche toute. Allons voir les bestiaux pendant que la marée est basse ça fera prendre l’air à mon 75-300mm.
L’Islande est une destination à part. Les Islandais sont partagés entre s’ouvrir au tourisme mais pas trop. Habitués à ne pas cohabiter avec des étrangers et la volonté de préserver leur écosystème.
Les locaux, très sympathiques au demeurant, prennent leur temps pour développer les infrastructures et les services touristiques. La vie est beaucoup plus chère qu’en Europe à tel point qu’on évite les restaurants (sauf le Bjargarsteinn Mathús) au profit des pique nique dans nos hébergements choisis avec cuisine. Nous avons rencontré des américains au supermarché qui s’étonnaient également du coût de la vie et de savoir si nous mangions aussi nos hamburgers avec des couverts.
Après deux séjours en Islande, nous n’avons toujours pas fait le Nord ni l’Est mais le rêve ultime sera, un jour, de traverser l’île en 4x4 durant l’été au milieu des glaciers.
Ce voyage m’aura permis de mettre un mot sur ma motivation, mon inspiration et mon influence pour la photographie de paysage urbain ou de nature: la contemplation. Celle qui permet de se poser, de voyager immobile, de se projeter, d’imaginer et ressentir un peu de sérénité dans cette vie quotidienne hystérique et trop souvent futile.
Si vous réussissez à lire ces lignes jusqu'au bout alors vous avez le droit maintenant d'aller regarder les images ici!